Aujourd’hui, nous retrouvons le Lieutenant-colonel Frédéric Furon, qui va nous parler de l’équipe de secours nautiques du SDIS 32. Au programme, description de l’équipe, domaines d’interventions, formations, équipement, historique… Et bien plus encore !
Bonjour Colonel, tout d’abord, présentez-vous !
Bonjour, je suis le Lieutenant-colonel Furon, chef du groupement des effectifs, emplois et compétences du SDIS 32, et je suis aussi conseiller technique au sein de l’équipe de secours nautiques. Gersois d’origine, je suis né la même année que l’équipe de plongeurs du SDIS en 1972 (rires), et j’exerce au SDIS 32 depuis 1999. Je fais partie de l’équipe plongeurs depuis 2003, et j’en suis le responsable depuis 2006. Cela fait maintenant 14 ans que j’œuvre à son développement avec mes collègues.
Pourquoi avoir intégré l’équipe plongeurs et pas une autre ?
J’ai toujours été attiré par le milieu aquatique, et je suis également un grand passionné de plongée dans la vie ! Et ce qui compte le plus pour moi dans cette spécialité, c’est son ambivalence entre rigueur et fraternité, parce que quand on va au fond de l’eau avec un camarade, on a chacun la vie de l’autre entre les mains, dans des situations où la visibilité est presque nulle, on doit toujours se tenir.
Dans une spécialité aussi exigeante, il n’y a pas de place pour le manque de confiance… Ce ne sont pas des collègues, c’est bien au-delà !
Vous avez dit que l’équipe a été créée en 1972, pouvez-vous nous parler de son histoire ?
Bien sûr ! Effectivement, cette équipe était à l’origine uniquement constituée de plongeurs, créée par quelques passionnés qui ne pouvaient compter que sur leur volonté, leur attachement à cette spécialité, et parfois même sur leur propre matériel ! Depuis, elle a beaucoup évolué. Avec les inondations de 1977, l’importance de cette équipe spécialisée a été prouvée ! Depuis 2006, le développement a été désormais approfondi et l’équipe est constituée de 3 unités : conducteurs d’embarcations (COD4), sauveteurs aquatiques (SAV), et scaphandriers autonomes légers (plongeurs ou SAL).
Quels sont ses domaines d’interventions, ses différentes missions ?
L’eau est un milieu semblable au feu quelque part : c’est un milieu hostile, il y a un lien étroit entre nous, la visibilité est nulle, et on y recherche des victimes dans la plupart des cas. De plus, notre vie dépend d’un équipement respiratoire (ARI en incendie, bloc de plongée en secours nautique). La seule différence, c’est la température !
Le risque majeur du département du Gers, ce sont les inondations. L’équipe se structure afin d’y répondre au mieux.
On intervient aussi sur de l’assistance aux personnes en difficulté dans l’eau ou recherches subaquatiques, on développe un travail en commun avec l’équipe cynotechnique, dont les chiens sont époustouflants, ils ont la capacité de sentir un corps jusqu’à 14 mètres de profondeur ! Eux et leurs maîtres nous seront d’une aide précieuse une fois opérationnels. On mutualise au maximum nos compétences avec celles d’autres équipes spécialisées du SDIS (dépollution, risque chimique…).
De plus, nous pouvons être appelés sur la sécurité des interventions en site aquatiques, aux travaux d’urgence (dégagements, renflouements…).
Vous avez évoqué les trois unités de l’équipe tout à l’heure, dites-en nous un peu plus !
En effet, l’équipe est constituée de 3 unités (COD4, SAV, et SAL) qui évoluent ensemble et sont toutes reliées les unes aux autres. Dans le Gers, les SAV sont tous également Sauveteurs en Eaux Vives (SEV), ce qui permet de répondre au mieux au risque majeur du département, l’inondation, et aux situations extrêmes qui peuvent en découler. Les sauveteurs se doivent d’être extrêmement compétents, bien formés aux eaux vives et inondations.
Au niveau des effectifs, comment se compose le groupe ?
Il faut savoir que cette équipe est mixte ! Femmes, hommes, pompiers volontaires ou professionnels, c’est ouvert à tous !
On compte aujourd’hui 33 sauveteurs, dont 13 plongeurs, en plus des 83 conducteurs d’embarcations.
Les SAV et les SAL sont très fidélisés, mais on observe un turnover plus important chez les conducteurs d’embarcations, souvent à cause de mutations, de départs en retraite…
Par ailleurs, 7 nouveaux membres sont sur le point de rejoindre l’équipe, leur formation a obligatoirement été décalée à l’automne étant donnée la conjoncture actuelle.
Les recrutements se font-ils donc par sessions, ou au fil des candidatures ?
Toute candidature est appréciée tout au long de l’année ! Mais le recrutement a lieu lors d’une session annuelle pour les conducteurs d’embarcation, ou tous les trois ans pour les SAV. Cependant, il y a une pré-sélection en décembre de l’année N-1 : par exemple, pour la session de recrutement SAV 2023, la pré-sélection s’effectuera en 2022. Pour les SAL, le recrutement se fait obligatoirement dans le vivier SAV.
Les pré-sélections et formations doivent être intenses ! Comment se composent-elles ?
Pour les conducteurs d’embarcation, il faut être titulaire du permis fluvial, avoir suivi une formation COD 4 et savoir nager ! (rires)
Pour les SAV, être conducteur d’embarcation, et si les pré-sélections ont été positives, direction les entretiens de motivation, et une épreuve en milieu naturel dans l’Adour. Ensuite, le sauveteur effectue sa formation SAV 1 et le module « eaux vives-inondations » (SEV). D’ailleurs, la prochaine formation SEV se fera en compagnie de membres du SDIS 65 ainsi que de la Bataillon des Marins-Pompiers de Marseille ! On collabore énormément avec les autres départements, notamment avec le SDIS 65, avec qui l’entente est de longue date.
Pour les SAL, c’est un peu plus complexe, il y a trois niveaux différents dans cette unité : les SAL, les chefs d’unités SAL (équivalent du chef d’agrès chez les pompiers, il y a 5 chefs d’unité dans le Gers) et les conseillers techniques SAL.
Evidemment, des formations complémentaires et des recyclages ont lieu régulièrement afin de garantir le maintien des compétences acquises.
Justement, quelles sont les équivalences dans le civil des formations pompiers ?
Pour les SAL, le niveau 1 serait l’équivalent du 3 ou 4 dans le civil, en rajoutant évidemment les travaux sous-marins. Pour le chef d’unité SAL, on parlerait de moniteur fédéral de 1er degré, et le conseiller technique serait moniteur fédéral de 2ème degré.
D’ailleurs, pourquoi choisir le fleuve de l’Adour pour effectuer les formations, manœuvres et sélections ?
L’Adour est un fleuve relativement propre et avec du courant. Cela permet de manœuvrer dans des eaux vives et de se préparer au mieux.
Et concernant vos équipements, quelles en sont les spécificités ?
Nous disposons d’embarcations, de véhicules et de matériel individuel et collectif. De plus, en partenariat avec la chambre des métier et Renault, le département dispose d’un véhicule pédagogique submersible, que vous pourrez bientôt découvrir dans l’émission Le monde de Jamy (date prochainement communiquée sur nos réseaux sociaux).
Avez-vous des anecdotes à nous partager ? Une intervention vous a-t-elle marqué plus que les autres ?
Il y a toujours des anecdotes à raconter, certaines plus tristes, d’autres plus joyeuses ! On ne peut pas parler de tout, mais il est arrivé qu’une fois en manœuvre, on tombe sur ce qui semblait être l’avant-bras d’une victime, ce qui était très surprenant durant un entraînement. Il se trouve qu’en fait, il s’agissait d’une carpe ! En hibernation, certes, mais bien vivante ! (rires)
Chaque intervention marque différemment. Elles ne se ressemblent jamais, on ne ressent pas d’impression de « déjà-vu ». Mais si je devais parler d’une en particulier, je parlerais d’un sauvetage d’une personne tombée dans l’eau avec sa voiture, qui a survécu après que nous l’ayons extraite. C’est le genre de situation qui vous marque !
Et justement, lors des inondations, quels conseils et préconisations pourriez-vous donner aux citoyens ?
Tout d’abord, ne jamais aller dans l’eau ! On ne sait jamais ce qu’elle cache, si la route ne s’est pas arrachée dessous, si une plaque d’égouts ne s’est pas soulevée créant ainsi un siphon, on reste en sécurité ! Respectez bien les consignes, si vous êtes dans une maison à risque, réfugiez-vous à l’étage. Ne prenez votre voiture qu’en cas d’urgence, n’allez pas la chercher si elle est dans un parking souterrain, et ne traversez jamais une route barrée ! De graves accidents se produisent lors de chaque épisode d’inondation, et ce à cause du manque de vigilance et de l’inconscience du risque de certains.
Merci beaucoup pour cette interview Colonel, et à très bientôt lors de manœuvres et de formations !
Avec plaisir ! Et avis aux lecteurs, n’oubliez pas de rejoindre le SDIS 32 sur ses réseaux sociaux !